Présentation de Manoarii


Manoarii

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Manoarii Teroiatea, âgé de 30 ans. Je suis l’aîné d’une fratrie de trois enfants dont une sœur et un frère. Je suis séminariste en 5e année pour l’Archidiocèse de Papeete à Tahiti. Avant le séminaire j’avais un cursus varié. Après mes études en logistique dans l’import-export, j’ai travaillé pour différentes sociétés de commerce et ensuite je me suis réorienté dans ma passion qui est la cuisine. Et dès lors, je continue de transmettre cette passion à mes frères.


Peux-tu nous parler brièvement de ton appel ?

Enfant d’une grande famille pratiquante, “grande” au sens large, cela inclut mes grands-parents, oncles et tantes. Donc, j’ai toujours été bercé au sein de la religion et de la paroisse, mon terrain de jeu était l’église et c’est à l’âge de 8 ans que j’ai ressenti l’appel lors de ma première communion. Mais ce qui m’a le plus marqué a été la rencontre avec la petite Thérèse de l’enfant Jésus lors de son voyage à Tahiti. L’année même, j’ai fait part à mes parents de mon désir d’être prêtre et je suis entré au petit séminaire, cependant pour des raisons personnelles j’en ai fait une année seulement. Par la suite, j’ai vécu ma vie d’enfant, d’adolescent et de jeune comme tout individu qui est attiré par la modernité de notre société de consommation. Malgré l’attirance de cette vie, le désir d’être prêtre était de plus en plus fort. C’est en 2014 que j’ai pris contact avec le curé de ma paroisse et le recteur du séminaire. Et à tous deux, je leur signifie mon désir d’être prêtre, et mon souhait d’entrer au séminaire. Et c’est en septembre 2015 que je fais mon entrée au grand séminaire Notre Dame de la Pentecôte de Tahiti.

Comment ont réagi tes parents, tes mais quand ils ont appris ton désir d'entrer au séminaire ?

Nous le savons très bien, les parents veulent toujours le bien de leur enfant, c’est-à-dire avoir une bonne situation sociale et économique et surtout un bel avenir dans la société. Lorsque j’ai annoncé à mes parents que j’allais entrer au séminaire, il y a eu un sentiment de joie et de questionnement qui se sont dégagés. Ce sentiment de joie était de savoir que je prenais un bon chemin et que j’allais consacrer ma vie à l’Église. Puis, une question rongeait l'esprit de mes parents et la voici : Que vont penser les personnes si mon fils quitte la formation. À l'annonce de mon désir d'entrer au séminaire et de devenir prêtre, mes amis ne m'ont pas pris au sérieux, ils m'ont dit : « Tu as vu la vierge » ou bien « Mano, qu’est-ce que tu as fumé ? » Mais ils ont vu dans mon regard, que je voulais vraiment donner ma vie au Seigneur et à l'Église. Pour être honnête, pour eux, c'était inimaginable voire même inconcevable que je puisse devenir prêtre parce que plus jeune, j’étais un rebelle et les virées nocturnes faisaient partie de mon quotidien. Franchement, loin d'eux l’idée de penser que j’allais franchir ce cap : « Consacrer ma vie à l’Église. »

Comment se passe ta formation au séminaire d’Orléans jusqu'à présent ?

Ma formation se passe à merveille, je suis arrivé en France métropolitaine en septembre 2021 pour effectuer mon 2nd cycle en Théologie. Avant d’arriver à Orléans, j’étais au Canada au séminaire de Montréal tenu pour les Sulpiciens où j’y suis resté trois années, mais ma formation a débuté au séminaire Notre Dame de la Pentecôte à Tahiti en septembre 2015. Depuis que je suis au séminaire d’Orléans, j’ai trouvé une stabilité dans les quatre piliers de la formation, les membres du conseil et l’équipe pédagogique nous accompagnent soigneusement et attentivement, ensuite, ils répondent toujours présent à nos attentes et à nos demandes. Pour nous qui sommes en 2nd cycle, notre emploi du temps fonctionne en deux tiers temps : une semaine complète au séminaire, c'est la semaine 1 et la semaine 2, c’est à partir du jeudi ou du mercredi, que nous sommes en paroisse pour le week-end. Ce que je trouve bien dans cette démarche, c'est l'articulation entre la formation théorique et la formation pratique. Il y a un temps théorique au séminaire et ensuite il y a le moment de la pratique en paroisse. Cela nous permet de concilier les deux apports et de voir aussi la réalité d'une vie paroissiale.

Comment gères-tu l'équilibre entre la formation académique, la vie communautaire au séminaire et ton développement spirituel personnel ?

L’équilibre de vie est fondamental que ce soit dans la société comme au séminaire. Dans la formation académique, c’est cours le matin et ensuite beaucoup de travail personnel. De plus, nous avons la chance d’avoir un tuteur d’étude qui nous aide et nous conseille pour nos travaux. La vie communautaire se résume en 3 mots : Inculturations, Synodalité et Cohabitation. Inculturation, parce que nous venons de différents horizons de la terre. Synodalité, parce que nous n’avons pas tous la même manière de percevoir la vie au séminaire. Cohabitation, parce que nous avons tous un seul but commun, c’est de nous consacrer à Dieu afin de servir l’Église. Pour ma vie spirituelle, elle est rythmée par les offices, la messe, l'oraison personnelle quotidienne et aussi par l’accompagnement spirituel.

Peux-tu nous parler de ton engagement en paroisse ?

Actuellement, je suis en paroisse à Saint Laurent-Sainte Marie qui se trouve dans l’archidiocèse de Tours regroupant les communes de Montlouis-sur-Loire, Azay-sur-Cher et Véretz. C’est une paroisse très accueillante, avec des paroissiens impliqués dans leur communauté paroissiale. Je suis accompagné par le P. Pierre-Xavier Penaud, curé de la paroisse. Pour le moment, étant dans ma première année sur cette paroisse, j’ai pour responsabilité, d’accompagner l’aumônerie de jeunes avec une laïque et par moment il m’arrive de conduire des célébrations d’obsèques. Ma mission première est de découvrir tous les fronts de la paroisse et de me rendre disponible pour la communauté chrétienne.<:p>

Peux-tu nous dire un verset biblique qui t'accompagne pendant ton cheminement ?

J’ai deux versets bibliques qui m’accompagnent. Le premier est dans Mt 20, 28 : Ainsi le Fils de l’Homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Et le deuxième verset biblique est extrait de Jc 1, 12 : “Heureux l’homme qui supporte l’épreuve avec persévérance, car sa valeur une fois vérifiée, il recevra la couronne de la vie à ceux qui aiment Dieu”.


Propos recueillis par Vincent Thomas