Suite à une demande du président de l’association orléanaise des Amitiés judéo-chrétiennes, je suis maintenant leur relais au sein du séminaire.
Je transmets les invitations qui nous viennent de cette association, et j’essaye de participer à leurs événements afin d’en rendre compte à la communauté. C’est pour moi l’occasion d’approfondir ma connaissance de cette religion de nos frères aînés dans la foi et de mettre en pratique le dialogue inter-religieux. Je crois profondément à cette intuition des pères conciliaires du concile Vatican II qui encouragèrent et promurent grandement ce renouvellement du rapport de l’Église au monde par le dialogue.
Dans ce cadre, j’ai pu participer à 3 évènements lors des derniers mois. D’abord, la célébration de Hanoucca le 12 décembre dernier. Cette fête juive commémorant la purification du Temple de Jérusalem accomplie par Juda Maccabée, est une fête de la lumière. Le rabbin allume successivement durant une semaine les 9 branches de la hanoukia (4-1-4), célébrant ainsi la lumière divine. Il est question de cette fête dans l’Évangile sous le terme de « fête de la Dédicace ». Au jardin de l’évêché, proche de la synagogue d’Orléans nous étions nombreux à être invités par la communauté juive à partager un temps fraternel lors d’une célébration en extérieur.
Ensuite, l’AG de l’association, qui a présenté le bilan de ses actions et les perspectives pour l’année à venir. Elle propose essentiellement des conférences, mais voudrait aussi pouvoir organiser des repas communs avec les membres de la communauté juive locale.
Enfin j’ai pu assister à une conférence. Le P. Christophe Le Sourd, directeur du Service national pour les relations avec le judaïsme, nous a présenté l’histoire des avancées dans les relations entre chrétiens et juifs depuis la seconde guerre mondiale environ à travers le thème « Déconstruire l’antijudaïsme chrétien ». Il a permit de faire la distinction entre antijudaïsme, haine sous prétexte religieux, et antisémitisme, haine sous prétexte raciale, contre le peuple juif. Ce qui importe quant à la prise de conscience de l’impact que l’Église a pu avoir par le passé, même dans la bouche de certains de ses grands représentants dans le déploiement d’une certaine haine envers les Juifs. Le P. Christophe Le Sourt a également présenté l’importante figure de Jules Isaac, universitaire historien juif initiateur des mouvements d’amitiés judéo-chrétiens. La lecture des Évangiles le porta « à cette conviction que la tradition reçue ne cadrait pas avec le texte évangélique, qu'elle le débordait de toute part » et que « cette tradition reçue, enseignée depuis des centaines d’années [...] était la source première et permanente, la souche puissante et séculaire sur laquelle toutes les autres variétés d'antisémitisme — même les plus contraires — étaient venues se greffer ». Il pensait que « L'originalité de Jésus ne consistera pas à innover en matière de foi et à rompre avec la religion de ses pères, mais plus simplement à extraire de l'Écriture et de toute la tradition orale juive les éléments d'une foi vraiment pure et d'une morale universelle vivifiées par l'exemple personnel d'une fidélité constante à Dieu.» Il insistait « sur la découverte géniale du christianisme primitif [qui] sera de voir que cette morale conçue au monde présent, une étonnante morale de l'efficacité rendue praticable par le sentiment de l'amour de Dieu. » Sa rencontre avec Jean XXIII, fut un élément clef qui allait ouvrir les désirs de rencontres concrétisés à l’époque du concile Vatican II, et aboutissant à la déclaration Nostra Aetate, déclaration conciliaire qui sut être pleine d’estime envers les autres religions, particulièrement celle de nos frères aînés dans la foi. Enfin, il nous a parlé du tournant plus récent, février 2021, la CEF a publié : « Lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme sera la pierre de touche de toute fraternité réelle ».
Cette initiative a été très largement saluée par le judaïsme français, et se concrétise par le nouveau livre de la Conférence des évêques de France : Déconstruire l’antijudaïsme chrétien, qui entend devenir un outil pour passer de « l’enseignement du mépris à celui de fraternité ». Avant cette conférence j’ai également pu lire Dieu a tant aimé le monde : petite théologie de la mission, du cardinal Mgr Aveline. Cet opuscule très riche m’a permis de m’ouvrir à une compréhension pleinement évangélique et missionnaire du dialogue interreligieux et des moyens de l’accomplir, particulièrement cet horizon de la promesse, qui peut constituer un terrain commun pour un dialogue fraternel entre Juifs et Chrétiens à la recherche de Dieu. À lire et à méditer sans mesure.
Théo PÉLISSON - 2e année - Archidiocèse de Sens-Auxerre