Les obsèques en confinement

Comment un séminariste a-t-il vécu les obsèques au temps du confinement, du 17 mars au 11 mai, période où l’Église, comme toute institution, était tenue de respecter les mesures de sécurité pour stopper la propagation du coronavirus ?

L’entretien avec la famille

Pendant ces deux mois, il n’était pas possible de rencontrer les fidèles au presbytère comme cela se fait habituellement, il a donc fallu organiser des entrevues par téléphone. Il est important avant de commencer, d’exprimer ses condoléances à la famille en deuil. Puis on s’informe sur la personne décédée, pour savoir comment elle a vécu, quelle a été sa situation familiale, professionnelle, et aussi sa relation à Dieu ; « Était-elle baptisée, pratiquait-elle en allant à l‘église, témoignait-elle de sa foi ? »

Ensuite par internet, on s’accorde sur le programme de la cérémonie : à travers des échanges sur les réseaux sociaux, on se transmet les documents nécessaires, ainsi que les directives au niveau du déroulement ; il s’agit de préciser à quel moment intervient telle ou telle personne. A partir de ces données on adapte les lectures, les prières et les chants, en demandant à la famille sa collaboration, leur choix, leurs préférences et participation : on invite les proches à lire une lecture ou la prière universelle, ou à faire un hommage, c’est à dire l’intervention d’un membre de la famille, ou ami proche, qui apporte une parole chaleureuse, destinée à ranimer dans les cœurs le souvenir de la personne disparue.

Déroulement de la célébration

Pendant la crise sanitaire, des aménagements ont donc été établis dans les églises afin de maintenir une distance de sécurité entre les personnes : le nombre de participants est limité à une dizaine, et on laisse des espaces vides entre les chaises et les rangées de chaises. Le port du masque n’était pas obligatoire, mais ceux qui le souhaitaient venaient avec leur masque de protection. Il nous était demandé de bien nous laver les mains, avec du savon, ou de les frotter avec un gel hydroalcoolique. Le lieu de la cérémonie est soigneusement préparée à l’avance ; on dispose les différents objets du culte à leur place, les tréteaux pour le cercueil, le cierge pascal, l’eau bénite, les livres liturgiques, le panier à quête, la sono… Parfois les gens apportent leur propre appareil de musique avec les chants qu’ils ont choisis, afin de faciliter la tâche du célébrant.

Tout est prêt quand la voiture des pompes funèbres arrive ainsi que les membres de la famille : l’accueil est un moment important, chaque mot, chaque geste, chaque attitude participe au bon déroulement de la cérémonie. L’assistant qui collaborait avec moi, commence par faire une annonce de bienvenue, et explique à l’assemblée les nouvelles dispositions prises par les autorités, c’est à dire les gestes barrières pour éviter la propagation du virus.

Après cette introduction, le rituel continue par les signes de la lumière et de la croix, l’acte pénitentiel, l’oraison funèbre, puis on passe à l’écoute de la Parole de Dieu. Après l’Évangile, je prenais la parole pour commenter les textes à la lumière de l’enseignement du Christ. Il faut tenir compte de la foi des personnes présentes, car dans l’assemblée il peut y avoir des athées, des croyants d’autres religions, ou des catholiques qui ne sont pas venus à l’église depuis des années. Le célébrant donne le point de vue chrétien sur le sens de la vie et de la mort, il veille à transmettre le message de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, la proclamation de sa mort et de sa résurrection, l’annonce du salut apporté à l’humanité.

C’est le moment de mettre l’accent sur l’espérance en la vie future, d’expliquer le passage de l’âme du défunt ou de la défunte vers sa demeure éternelle, avec l’espoir de retrouver les personnes chères qui ont disparu. Il s’agit d’apporter un soutien et réconfort à la famille en deuil, d’adresser le message de l’amour de Dieu. Il est bien de rappeler les qualités de la personne disparue, ce qui touche au spirituel et aux bonnes œuvres, surtout si c’est quelqu’un qui a été particulièrement charitable envers le prochain.

Dernier adieu

Après la prière universelle et le Notre Père, on passe au dernier adieu, l’instant le plus émouvant de la cérémonie, où les personnes, certaines les larmes aux yeux, expriment leur sentiment, certains par un hommage, les autres par un moment de recueillement et une inclinaison devant le cercueil. A cause des normes de prévention, la bénédiction avec l’eau bénite était réservée au célébrant, qui ensuite procédait à l’encensement du corps. Ce moment est accompagné par la musique choisie par la famille, en souvenir de leur proche. Puis le cercueil est transporté solennellement vers la sortie de l’église, pour ensuite être conduit au cimetière, avec les fleurs qui seront déposées sur la tombe.

A la fin, le séminariste remercie Dieu de lui avoir donné la possibilité d’aider une âme à s‘envoler vers le Père, et une famille à sécher ses larmes, en considérant la belle perspective d’avenir au paradis, où tous se retrouveront dans une joie céleste, pour une existence qui n’aura plus de fin !

Martin de Saint-Front - 5eme année - Archidiocèse de Papeete-Tahiti

séminariste en 5e annéesanctuaire d'une église au moment de la célébration d'obsèques