« J’écouterai le cri de la terre et des pauvres » (Ex 22,20-22 – LS 49)
Cris de guerre, cris de haine, cris de détresse, cris d’un enfant, cris de peur, cris de panique, cris de surprise, cris d’appel à l’aide, cris de tristesse, cris de joie, cris du stade … nos oreilles sont percutées par de multiples sensations. Mais écoutons-nous encore ? Écoutons-nous vraiment ? Et que faisons-nous de ce que nous écoutons ?
C’est sur ces questions que la communauté du Séminaire Notre-Dame de l’Espérance veut travailler cette année. Comment mieux écouter ? Comment être plus sensibles et plus concernés par les cris de la terre en détresse, ou par les cris des pauvres en reprenant conscience « qu’ils sont nos maîtres » (dixit saint Vincent de Paul).
Écouter n’est qu’une étape. Il nous faudra passer aux actions. Au sein de la communauté où des cris de joie ou d’appel à l’aide peuvent retentir : comment alors honorer et servir la fraternité ? Mais plus largement, dans les activités apostoliques ou les paroisses d’insertion, écouter les cris de la solitude, des relations brisées, des familles en instance d’implosion, des personnes en situation de précarité affective, économique ou spirituelle : comment alors agir en serviteurs de la charité ? Et au-delà de la seule et petite sphère ecclésiale, comment répercuter les cris de la terre et faire se lever de nouveaux acteurs sensibles et engagés pour que « l’écologie intégrale » devienne une réalité partagée permettant une vraie mobilisation de chacun cf. l’encyclique du pape François Laudato si (LS).
Peut-être que sur ce chemin nous aurons à oser crier nous aussi ? Peut-être que cette route nous aidera à prendre conscience de nos pauvretés pour savoir les confier à d’autres dans la fraternité ? Ce sera alors une autre manière de faire équipe, d’oser donner, mais aussi d’accepter de recevoir. Ce pourrait être alors un sentier de croissance pour nous reconnaître dépendants des autres, et redécouvrir combien « tout est lié » (cf. LS 91 par exemple). Alors nous verrons comment mieux nous re-lier à Dieu dans un abandon plus fort, à nous-mêmes dans une connaissance de soi apaisée, aux autres dans une considération mutuelle, à la Création dans un soin accru.
Oser l’écoute pour grandir dans le courage de l’engagement, c’est en effet accepter le chemin de la confiance : confiance en Dieu pour l’appeler à l’aide ; confiance en soi pour croître en audace d’implication personnelle ; confiance en tous pour contribuer au relèvement de chacun en signe du Royaume de Dieu qui fait un pas de plus, du fait de notre écoute, et de notre action vécue à l’école du Christ, le Sauveur qui accueille et porte tous les cris.
P. Laurent TOURNIER, cjm, Recteur du Séminaire