Tout vient à point à qui sait attendre
Le 3 septembre restera dans le calendrier liturgique du séminaire Notre-Dame de l’Espérance comme un jour de fête. En effet, le 3 septembre dernier, l’Archevêque de la province de Tours dont dépend Orléans, Mgr Jordy, est venu célébrer la consécration du nouvel autel et de la nouvelle chapelle du séminaire.
C’est un jour qu’on n’attendait plus. Ou plutôt que de nombreuses générations de séminaristes ont attendues. La fin d’une longue attente clôturant une dizaine d’années de projets, d’ambitions et presque une année de travaux. La rénovation de la chapelle est un vieux serpent de mer au séminaire. Apparaissant à la surface au gré des plaintes des séminaristes au sujet d’un espace liturgique inadapté. Disparaissant sous les eaux une fois l’analyse budgétaire effectuée. Mais il est de mauvaise réputation dans un séminaire de laisser traîner un serpent dans ses murs... Alors il y a quatre ans le projet a repris vigueur. Et trois rentrées plus tard voici enfin venu le temps d’une nouvelle chapelle.
Avant toute utilisation liturgique du lieu, il est de coutume de célébrer le rite de consécration de la chapelle. Il a été décidé que notre année universitaire débuterait par cette célébration, ce qui n’est pas insensé. Le rite de consécration d’une chapelle regorge de nombreuses richesses. Certaines résonnent particulièrement un début septembre. Voici comment débute la prière de dédicace : « Seigneur notre Dieu [...] aujourd’hui le peuple des fidèles, dans une liturgie de fête, désire te consacrer pour toujours cette maison de prière où il viendra t’adorer, s’instruire de la Parole et se nourrir des sacrements ». Un beau programme pour une maison comme celle-ci. Plusieurs rites ponctuent la célébration. Notons parmi ceux-ci, l’onction de l’autel et des murs de la chapelle avec le Saint Chrême puis leurs encensements respectifs. Avec le Saint Chrême pénétrant dans les pierres nous demandons à Dieu qu’il « imprègne de [s]a grâce et de [s]a joie les pierres vivantes que sont [s]es fidèles ». Puis l’élévation de la fumée de l’encens symbolise cette même grâce et cette même joie qui doit se répandre dans le monde à partir de ces pierres vivantes que nous sommes : « comme la fumée de cet encens, [...] que ton Eglise répande par le monde la joie et la grâce du Christ ». C’est là encore un beau message envoyé aux séminaristes : laissez-vous imprégnez de la joie et de la grâce du Christ pour que vous puissiez répandre dans le monde ce que vous aurez reçu dans cette maison.
Décrire la chapelle ne remplacera jamais une visite in situ. Alors nous dirons simplement ceci : la première chose qui frappe en entrant c’est la sobriété et la pureté du lieu. Au point qu’il nous semble entendre le Seigneur s’exclamer à son sujet : « tu es toute belle ma bien aimée » (Ct 4, 7).
Citation fort à propos. À mesure que nous préparions cette cérémonie, il nous semblait que nous apprêtions la fiancée pour ses noces avec l’époux. Mystère de l’Eglise épouse du Christ. N’est-ce pas cette même épouse qui écrase du talon le serpent ? Renvoyant celui-ci de-là d’où il vient sous les remous de la mer. Avec un si beau lieu de prière, une si belle épouse, le vieux serpent de mer de la restauration de la chapelle du séminaire n’est pas près de ressurgir : « il s’empara du serpent et il l’enchaîna pour une durée de mille ans » (cf. Ap. 20,2). Souhaitons à cet édifice de servir aussi longtemps le séminaire.
Une chose est certaine, ça valait bien le coup de l’attendre.
Foucauld POMMIER - 5ème année - Diocèse de Moulins