Mobilité d’un séminariste

Lorsque l’archevêque de Cambrai m’a envoyé, il y a deux ans, à Orléans pour y poursuivre ma formation vers le presbytérat, il a précisé au conseil du séminaire qu’il n’était pas judicieux de me faire rentrer dans le diocèse toutes les semaines (4h de route lorsque le périph’ est fluide) et qu’il fallait me trouver une paroisse d’appoint, « pas trop loin du séminaire ». J’ai donc été envoyé… à 2h de route de là, dans le Berry, à Châteaumeillant !

De Cambrai à Châteaumeillant, en passant par Orléans : le quotidien d’un séminariste, aujourd’hui, est beaucoup plus mobile qu’il ne l’était pour nos aînés. Mais probablement est-ce une chance ! En effet, cette insertion de deux ans m’a permis de découvrir une autre réalité de l’Eglise de France. Tandis que mon diocèse couvre la moitié du département du Nord et compte un million d’habitants, le diocèse de Bourges couvre deux départements (le Cher et l’Indre), pour un total de 500 000 habitants. Plongée au cœur de la diagonale du vide !

Mais la vie paroissiale à Châteaumeillant, elle, n’a rien de vide. Depuis 8 ans s’y trouve le père Marie-Laurent Mourot qui dynamise la paroisse. Plutôt que de se lamenter sur la pauvreté des vocations et de la participation des fidèles à la messe (à peine une centaine aux messes du dimanche en hiver, quand le territoire paroissial compte une trentaine de clochers), il se retrousse les manches, va à la rencontre de ses ouailles, est toujours à l’affût de la moindre initiative.

Il a surtout eu le mérite de m’accueillir chez lui pendant deux ans, de me mettre le pied à l’étrier, d’accepter de prendre du temps avec moi pour me partager son expérience. Accueillir un séminariste en insertion est en effet une tâche exigeante. Il s’agit pour le prêtre de s’engager dans la formation du séminariste, et ne pas le laisser en plan ou l’utiliser comme son boy.

Ma mission fut avant tout d’être là, de prendre du temps avec les paroissiens, de les écouter, de les conseiller. Naturellement, les activités pastorales sont celles d’une paroisse habituelle (messe, catéchèse, aumônerie, visite aux personnes âgées, etc.) mais le père Marie-Laurent a à cœur de ne pas tomber dans l’activisme et de toujours savoir se rendre disponible pour celui qui en a besoin. La paroisse ne peut être une entreprise à faire tourner, elle doit rester un phare dans ce qu’il faut bien qualifier parfois de désert spirituel. Dans un territoire très marqué par l’exode rural, le curé prend soin de ceux qui restent, les encourage, les aide à avancer avec confiance et espérance, sous le regard de Dieu.

Si je dois retenir une chose de mes deux ans de paroisse à Châteaumeillant, c’est l’humilité avec laquelle Mère Teresa invitait à œuvrer :
Nous ne pouvons pas tous faire de grandes choses. Mais nous pouvons faire de petites choses avec un grand amour.

Julien Sauvé - Diocèse de Cambrai - 5e année

séminariste en 5e année
Don Camillo