"aux captifs, la libération"

Mettre des mots sur ce que l’on a pu vivre est toujours difficile, mais j’aimerais vous en témoigner quelques lignes.

J’ai été envoyé dans l’une des antennes « aux captifs, la libération », une association qui prend soin principalement des personnes sans logement, alcoolo-dépendantes. Mon activité première était d’accueillir ces personnes, passer du temps avec elles et surtout, être à leur écoute. Il ne leur était pas interdit de consommer leurs alcools personnels, ce qui leur permettait vraiment d’être à l’aise, et de changer de regard sur eux-mêmes et sur l’alcool.

Dès les premiers jours, je me suis rendu compte que les accueillis, finalement, étaient des personnes comme tout le monde. Et il est vrai que bien souvent nous mettons des étiquettes sur les gens, et je trouve que c’est un tort ; personnellement sans vraiment m’en rendre compte, je le faisais aussi. Généralement, quand on voit un SDF, on se dit « c’est un SDF », ou alors « c’est un pauvre », mais j’ai pu très vite m’apercevoir et comprendre qu’avant d’être un SDF ou un pauvre, ou même un alcoolique, c’est un homme ou une femme qui a besoin d’amour, d’attention, et qui désire simplement ne pas être rejeté ou regardé comme la peste. Vraiment, ils m’ont touché au plus profond de moi, ils ont une simplicité de cœur que l’on a perdu et c’est vraiment la principale chose que je retiens de cette expérience.

Pour rentrer un peu plus dans le détail, je passais beaucoup de temps à jouer aux cartes et à discuter avec eux, comme de bons copains, qui parlent de tout et de rien, refaisant le monde, autour d’un café ou d’une bière. On voyait bien qu’ils avaient besoin de parler, parfois pour exprimer de la colère et parfois pour partager ce qui leur mettaient du baume au cœur. Je me souviens de Necho, un Bulgare. Sans logement en France, depuis 15 ans ; son rêve était de rentrer chez lui, simplement pour avoir un petit bout de terrain, dans la nature, seul avec son bétail et mourir en paix. Voilà ce qu’était son désir le plus profond : simplement être en paix. Une chose si simple, et si belle à la fois qu’on a parfois tendance à oublier. Ce temps m’a permis de me rendre compte de la misère et de la pauvreté qu’il y a dans ce monde. Et comme le disait Mère Teresa « Le manque d'amour est la plus grande pauvreté. » Alors puissions-nous, à l’image du Christ, aimer de tout notre cœur, sans mesure, gratuitement pour apporter aux captifs, la libération.

Merci mon Dieu, pour tout ce que tu m’as permis de vivre, merci de me montrer à quel point tu es présent dans cette pauvreté ; donne-nous comme toi, de savoir aimer de tout notre cœur

Jérôme Jacquemin - Diocèse de Cambrai - ANDC

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