Confinement : épisode 2

La propagation du ‘Covid 19’ s’étant accélérée en fin d’été, les ‘on-dit’ sur un re-confinement allégé sont confirmés par le Président, un mercredi de vacances, au soir. Comme toute la France, la communauté du séminaire Notre-Dame de l’Espérance passe en mode re-confinement, mais cette fois-ci dans ses murs. Pendant ces sept à huit semaines, la communauté a essayé de garder son rythme en faisant des aménagements là où c’était nécessaire. Un temps qui aura sans doute marqué nos esprits et surtout la vie de notre communauté, à chacun de choisir ce qu’il voudrait retenir de ce temps. Personnellement, ce confinement je ne pense pas que je l’oublierai de sitôt ! D’abord parce que ce fut un moment éprouvant je l’avoue, mais je m’en souviendrai surtout comme une expérience formatrice.

Éprouvé, c’était mon ressenti pendant ce temps de confinement au séminaire en particulier quand j'ai été testé positif au ‘Covid 19’. Je portais non seulement les symptômes éreintants du Covid mais aussi une bonne dose d’anxiété ; les miennes et surtout celles de ma famille à 9 247 km d’ici. Dans ces durs moments, un apprentissage sur le tas ; j’ai appris à me rassurer moi-même pour être capable de rassurer mes parents rongés par l’inquiétude et un sentiment d’impuissance et ainsi éviter toute psychose. (NDLR : Les Mauriciens ont tendance à facilement tomber dans une psychose quand il s’agit du Covid.) Les jours passaient, des nouveaux symptômes apparaissaient tandis que d’autres se dissipaient et je me rendais de plus en plus à l’évidence que le risque zéro n’existait pas et que des occasions d’exposition ont été grandes.

Outre son côté éprouvant, ce confinement m’a aussi marqué positivement. J’en ai d’ailleurs retenu quelques petites leçons qui constituent pour moi une expérience formatrice et enrichissante en ce début de parcours. Je le dis au risque de soutenir un paradoxe, ce confinement a été pour moi une occasion de vivre de grands déplacements et de croître en liberté. Je vous rassure je n’ai pas vagabondé ici et là, tous mes grands déplacements et mes libertés prises, je les ai vécus dans ma chambre. Avant la levée du re-confinement national, je vivais déjà des déplacements qui m’orientaient vers un déconfinement intérieur et me donnaient de grandir en liberté. Qu’est-ce que la liberté ? Nous pourrions longuement en discuter avec tous les brillants philosophes de la communauté, mais mon expérience de la liberté me conduit à la définir comme suit : choisir, apprendre le « lâcher prise » et accepter de se recevoir des autres. Pendant mes jours d’isolement, je me suis reçu de mes frères de la communauté qui assuraient un service fraternel. Certes il est bien plus facile de l’écrire que de le vivre, mais je l’écris avec beaucoup de légèreté.

Voilà, en relisant ces semaines de confinement qui sont maintenant derrière nous, je choisis de retenir et donner un sens à ces deux expériences qui m’ont marqué. À chacun de choisir ce qu’il voudrait retenir de ce temps.

Geraldo Ami - ANDC - Diocèse de Port-Louis (Maurice)

séminariste andc