La fraternité… après le COVID !

Il y a eu avant et après l’âge de pierre. La personne humaine en ces temps a grandi en utilisant des pierres comme outils. Il y a eu avant et après l’imprimerie. La personne humaine en ces temps a grandi en déposant sur le papier le savoir et la connaissance à diffuser. On peut dire qu’il y a l’avant et l’après Covid.

Ici, il ne s’agit pas pour nous de grandir mais d’être authentiquement humain et donc authentiquement chrétien. Comment retourner dans des salles de réunion désertées pendant tout le confinement ? Comment se retrouver côte à côte en chantant, alors qu’avant on nous disait en grommelant qu’il fallait 1m50 de distance ? Comment tenir ensemble la fraternité alors que dans la même communauté, des avis et des vécus si différents y sont présents ?

Vaste programme que la fraternité ! Mais si beau défi que chaque baptisé est appelé à relever. Si le covid ne porte pas en lui des motifs de faire grandir notre humanité, l’épreuve et l’impact qu’il a dans nos vies nous pousse à aller dans des questions de fond dans nos paroisses.

Est-ce que l’Eglise est un club où tout le monde est d’accord sur la politique, le social et le sanitaire ? Ou sommes-nous des amis du Christ essayant de s’aimer de charité en essayant de se servir les uns les autres malgré tout ? Qui se soucie du petit monsieur du premier rang qui arrivait toujours en avance pour poser une bougie à Saint Antoine, mais qu’on ne voit plus depuis la rentrée de septembre ? Qui se soucie de la catéchiste qui mange seul le dimanche midi ?

Même en temps de covid et en n’étant pas d’accord avec ses points de vue, est-ce que, comme ami du Christ, je suis heureux d’ouvrir ma table à ce monsieur, à cette catéchiste ? De lui proposer, bien plus que des haricots et une cuisse de poulet, un simple moment de fraternité ? – Mais s’il/elle est occupé(e) ce dimanche ? – Grande joie ! Mais la semaine d’après ? Et celle qui suit ? L’amitié se redit toujours sans jamais se répéter. A nous d’être toujours prêt à nous recevoir du mieux que nous le pouvons.

L’après covid peut ne pas nous faire grandir. Au contraire, il peut diminuer notre humanité parce que des avis, des prises de position (légitime à cause de blessures et d’histoire … ces lignes s’écrivent sans le désir de juger qui que ce soit) peuvent séparer les baptisés que nous sommes. Il s’agit d’être poli et d’aimer les personnes, bien que les idées qui sont dans leurs têtes ne sont pas les mêmes que les nôtres.

Même si la manière de vivre dans nos mouvements sont différents, opposés et qu’aucune adéquation soit possible, cela n’enlève en rien que Jésus veut que je passe mon éternité avec cette personne quand nous serons au Ciel ! Autant essayer de s’aimer sur cette terre. De se dire que oui, je ne comprends pas l’autre … mais … offrir à l’autre un moment où il est écouté, où on se permet de poser calmement les choses sur la table ? Que ça soit une table de réunion où celle de tout à l’heure qui, après le poulet, a laissé sa place à un bon café.

Bien que les idées soient différentes, permettre qu’humainement un climat de dialogue, mieux d’écoute et de service, se dessine pendant des moments simples … est-ce que ça ne pourrait pas être une belle occasion pour le Christ de s’inviter dans ces moments ? Ainsi se vivra, dans ces simples moments, d’écoute et de conversation cette parole qui rejoint tous les baptisés que nous sommes : « Pendant qu'ils parlaient et discutaient, Jésus s'approcha, et fit route avec eux … »

Ruben HERCENT - 4ème année - Diocèse d’Orléans

séminariste en 4e année